C’est la première fois depuis 1992, que le Musée accueille cet artiste bordelais, né à Versailles en 1950 et installé en Gironde depuis 1978. Quinze ans plus tard, c’est une impressionnante collection de quelques 160 oeuvres de l’artiste, venant de prêts publics et privés, qui est présentée au public; pour rendre ainsi hommage à une carrière exceptionnelle.
« L’art de l’orfèvrerie se confond dans la nuit des temps » tels furent les premiers mots de Bernadette de Boysson, commissaire générale de l’exposition, prononcés à son inauguration. En effet, comme elle l’a d’ailleurs rappelé par la suite, l’histoire de l’orfèvrerie remonte à trois millénaires avant notre ère en Mésopotamie. Bordeaux en est devenue, de son côté, un des grands centres d’orfèvrerie en France, avec 53 orfèvres répértoriés dans la ville en 1785. Aujourd’hui, ils ne sont plus que deux en France à imaginer, dessiner et réaliser, seuls, leurs objets. Parmi eux, Roland Darasbe. « Je suis très heureuse que son travail , aussi remarquable et séduisant, puisse illuminer nos salles d’expositions. » a souligné Mme de Boysson.
Une douceur séduisante
En admirant cette riche collection, regroupée autour de thèmes différents (Service de table, Luminaires, Art religieux, Boîtes et Bijoux, Vin et Champagne, etc.), on ne pourra effectivement s’empêcher de constater une séduisante délicatesse ainsi qu’une précision remarquable de finition, qui se dégagent de toutes les oeuvres de l’artiste. Les douces flexions et légères sinuosités de leur surface, donnent aux objets d’usage quotidien un air harmonieux et surprenant, tout en gardant leur fonctionnalité. Roland Darasbe, chaudronnier de formation, puis mécanicien en aéronautique, n’était pas prêt de s’imaginer qu’il connaîtrait un avenir d’orfèvre. « J’ai toujours travaillé avec de métaux massifs, et un jour je me suis aperçu que j’étais en mesure de créer mes propres objets. » raconte l’artiste « C’est comme ça que de fil en aiguille j’ai choisi de me consacrer à l’orfèvrerie. »
« l’Art c’est le travail, pas le concept. »
Il ne faut tout de même pas aller trop loin dans l’interprétation que l’on pourrait tirer des différentes oeuvres. Comme l’artiste le souligne lui-même « Je travaille sans concept; l’art c’est le travail pas le concept. » Une conception graphique préalable est cependant bel et bien présente. Tous les objets de l’exposition sont accompagnés de leurs dessins et croquis préparatoires. « Avant l’objet il y a toujours une idée qui se traduit d’abord par le dessin. » explique l’artiste.
Conception graphique – Duchesse de Württemberg
Quelques dessins cependant, ne sont pas le fruit d’une inspiration personnelle de R. Darasbe. C’est le cas de plusieurs oeuvres réalisées à la commande. Parmi elles notamment, la collection de la Princesse Diane de France, Duchesse de Württemberg. « C’étaient des oeuvres où j’avais le moins de liberté, car la Princesse voulait que qu’elles correspondent exactement à ses propres dessins. » raconte l’artiste. On notera par ailleurs plusieurs répliques de cadeaux, offerts, sous la présidence de Mitterrand, aux grandes personnalités politiques ( Margaret Thatcher, Madeleine Albright).
Premier rendez-vous culturel « post-élections » pour Alain Juppé
L’heureux réélu, maire de Bordeaux, Alain Juppé, n’a, semble-t-il, pas encore eu ce privilège, bien qu’il fut présent à l’inauguration de l’exposition. « C’est une joie et une chance inouîe pour moi que d’être ici, dans une de mes premières rencontres avec vous, après les élections. » a-t-il souligné. En félicitant l’artiste, il rappela brièvement ses récentes distinctions « …nomé Maître d’Art en 2002 par le Ministre de la Culture pour un professionnel d’excellence et un savoir faire exceptionnel; lauréat du prix Liliane Bettencourt pour l’Intelligence de la Main avec le Navire à caviar, il n’y a pas meilleure recommandation » a-t-il conclu.
Piotr Czarzasty
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Voir aussi : L’Expostion de La feuille à la Courbe au Musée des Arts Décoratifs